Reconnu en Europe comme un créateur d’avant-garde dès les années 1970, l’architecte catalan Ricardo Bofill fut appelé sur la scène française à la suite de la destruction des Halles de Baltard, au centre de la capitale, en 1971. Invité à concourir en 1974, l’architecte proposait de renouer avec les formes historiques de l’urbanisme parisien. Au coeur d’une rivalité politique, il fut écarté en octobre 1978, après plus de trois ans de projets, par Jacques Chirac, premier maire élu de Paris, qui se déclara alors « l’architecte en chef des Halles ». Bofill et le Taller de Arquitectura joueront néanmoins un rôle de premier plan dans l’élaboration des villes nouvelles en France, de 1972 à 1985, avec des projets aussi marquants que controversés : Abraxas à Marne-la-Vallée, le Lac à Saint-Quentin-en-Yvelines, ou encore le quartier Antigone au centre de Montpellier.

Véritable journal de bord, largement illustré, cet ouvrage décrit les relations étroites entre l’architecture et la politique sous les présidences de Valéry Giscard d’Estaing et de François Mitterrand, et constitue un dossier inédit sur les Halles, un chantier emblématique, couvert par une clause de confidentialité jusqu’au décès de l’architecte, en 2022. À travers les archives du Taller et les récits de témoins de l’époque, parmi lesquels Jack Lang, Jean-Jacques Aillagon, Paul Chemetov, Roland Castro, Michèle Champenois et Antoine Grumbach, l’autrice décrit la prodigieuse ascension de Bofill au rang de superstar, ainsi que l’importance de l’architecture, alors au centre du débat public.